Yvan Lumé, le visage du bénévolat fulkerien
Portrait écrit par Jeanne Salmon, étudiante en école de journalisme et originaire de Grand-Fougeray.
Est dénommé fulkerien tout résident du Grand-Fougeray. Mais Yvan Lumé, est
plus qu’un simple habitant de cette petite ville d’Ille-et-Vilaine, il en est le moteur.
Engagé bénévolement depuis qu’il a posé ses valises place de l’Église le 1er
janvier 1976, le retraité de 73 ans n’a pas dit son dernier mot pour faire vivre la
commune.
Lorsque Yvan Lumé arrive au bistrot de la place, tous les habitués le saluent. Il faut dire qu’avec
sa grande barbe grise et son allure de bon vivant, on le reconnaît de loin. De son côté, il avoue,
en demi-teinte, qu’il ne se souvient plus de tous leurs prénoms. C’est aussi ça être populaire à
l’échelle d’un patelin breton de 2 000 habitants.
« S’il n’y a pas de dynamisme sur la commune, on peut toujours pleurer » assure Yvan Lumé.
Le septuagénaire, lui, en a décidé autrement. Depuis près de 50 ans de bénévolat, il anime la
commune par mille et un évènements. Pour n’oublier aucune de « ses bêtises volontaires »,
l’ancien épicier du Grand-Fougeray est venu accompagné d’une liste qui récapitule son demi-
siècle d’engagement : création du marché le samedi matin, faire le père-noël dans les marchés
et écoles, président du comité des fêtes, organisation de la fête du blé noir, des Jeux
olympiques intercantonaux ou du concours du cheval breton… Entre deux gorgées de vin, il
confie, avec un large sourire, qu’il n’est seulement à la moitié de sa feuille. Le ton est donné.
Ce « fils d’ouvrier agricole et fier de l’être » est « tombé dans la marmite » lorsqu’il n’avait que
14 ans. Avec des fins de mois difficiles, ses parents ne pouvaient pas lui payer ses sorties
scolaires. Grâce à l’aide d’un professeur, il a monté sa première association. Les petits
bénéfices engendrés lui ont permis de profiter des sorties cinéma ou culturelles avec ses autres
camarades. Depuis, il prend les choses en main et s’engage partout où il peut. « C’est le gars
qu’il faut pour une association. Il est prêt à tout pour dépanner » reconnaît Michel Legland qui a
travaillé avec Yvan Lumé sur plusieurs projets.
Si le retraité « aime bien tout le monde », il déplore le manque d’engagement de la nouvelle
génération. « Chacun a une bonne excuse pour rester chez soi ». En cause selon lui, la crise du
Covid-19 et les mesures de distanciation sociale qui ont généré une peur de l’autre. Mais Yvan
Lumé ne force la main à personne : « Je fais du bénévolat, je ne suis pas patron. Il faut que
l’engagement vienne du fond du cœur ».
La fête médiévale, son troisième enfant
Dans les années 1990, lorsque ses deux filles rentrent de voyage scolaire, Yvan Lumé a une
autre idée pour « maintenir Grand-Fougeray à flot » : mettre en avant son patrimoine culturel et
historique. « Lorsque mes filles me racontaient là où on les avait envoyées, je me disais qu’à
Fougeray on a mieux que ça. Le tout c’est de le faire savoir ».
Alors, en 1998, le couteau suisse du bénévolat inaugure La Fête médiévale. Avec ses
spectacles, joutes et marchés, cette fête populaire a « le mérite d’avoir donné envie à des gens
d’habiter le Grand-Fougeray ». Aujourd’hui, son bébé a bien grandi : le festival est passé de 800
visiteurs à plus de 10 000.
Après bientôt 50 années à dynamiser le village, l’heure est à la « passation de pouvoir ». Son
engagement se transforme petit à petit en transmission du savoir. « Je forme les gens et j’y
vais » confie le ténor. Mais Yvan Lumé n’est jamais bien loin. Cyril Gourdon, l’actuel président
de la Fête médiévale, s’appuie sur son « regard d’ancien » pour assurer la pérennité de
l’évènement. « Il fait partie des murs de la fête, j’apprécie échanger avec lui pour son vécu. »
soutient-il.
Le visage d’Yvan Lumé, avec son « look » bien à lui, restera pendant encore des
générations, l’image du loisir fulkerien.